THEATRE ALEXANDRE DUMAS

Where:
Place Andre Malraux,
78108
Saint-Germain-en-Laye
France
Description: 

Historique du THEATRE ALEXANDRE DUMAS

SAINT GERMAIN, Ville Royale : FASTE ET FEERIE

En vérité, si Louis XIV aima de bonne heure la danse, c’est à son père Louis XIII, créateur de danses et de ballets, qu’il le doit. Ainsi le voit-on de bonne heure, c’est-à-dire dés 1651, alors qu’il était encore mineur, paraître pour la première fois dans un ballet de Cour, pour ne quitter la scène qu’en 1670, lors de la création du « Divertissement royal », grand spectacle composé de la comédie  « Les amants magnifiques » et d’un ballet dont les vers avaient été également rédigés par Molière.

LULLY

De Louis XIII, le Roi n’hérite pas seulement des dons de danseur, mais aussi d’un goût prononcé pour la musique q’affina une éducation auprès du Cardinal Mazarin. Après avoir raffolé d’airs italiens, il se passionna dés les débuts de l’opéra français pour ce nouveau genre dramatique. De 1672 à 1682, il fut désireux d’assister au Château Vieux de Saint Germain à des ouvrages lyriques de Lully, permettant ainsi à ce dernier de s’imposer comme le premier compositeur d’opéras français. Ses plus grandes tragédies en musique ont été montées et crées à Saint-Germain, la première, « Thésée », le 11 janvier 1675.

Le répertoire proposé au public tant au Château Vieux  qu’au Château Neuf ne se limite pas qu’à cela. On y donnait des tragédies classiques et des comédies, plus nombreuses. Louis XIII avait eu le souci des comédiens. N’avait-il pas signé à Saint Germain, le 16 avril 1641, une ordonnance stipulant « que lesdits comédiens règlent tellement les actions du théâtre qu’elles soient de tout exemptes d’impureté » ? Souci de divertir et non de pervertir.

Louis XIV vient d’accomplir sa quinzième année. Les divertissements ne manquent pas au Roi dans sa bonne ville de Paris, on travaille aussi à lui en procurer dans sa ville natale de Saint-Germain. En date du 27 décembre 1653, comparaissait en personne devant Maître Michel Ferrand, notaire royal à Saint-Germain, Louis-Thierry dit des Carreaux s’engage envers François Laveclef, jardinier du Roi et Jean Poisson, peintre du Roi, à leur composer, remettre et délivrer pour être soumise à l’agrément de Louis XIV, une pièce de théâtre sur un sujet au choix de l’auteur. C’est un événement de réelle importance pour la renommée littéraire de la Ville Royale puisque par une heureuse rencontre, auteurs et représentants chargés de traiter au nom du Roi, sont tous les gens du lieu et demeurant à Saint-Germain. Des Carreaux composa-t-il sa pièce ? On ne sait. Toujours est-il que l’engagement vaut par les indications qu’il contient en lui-même sur les chose du théâtre de ce temps.

MOLIERE

Louis XIV aime tant le théâtre, les auteurs et les artistes, qu’il fait du comédien MOLIERE et du tragédien RACINE ses alliés et ses collaborateurs. Plusieurs œuvres de Racine de sa période la plus féconde, de 1664 à 1677, coïncidèrent avec sa présence à la Cour de Saint-Germain. Molière eut maintes fois entre 1662 et 1672 l’occasion d’y présenter des spectacles. Plusieurs de ses pièces y furent créées, d’autre y connurent de brillantes reprises. C’est ici même que la troupe de Molière devient le vendredi 14 août 1665 la Troupe du Roy. Marie-Thérèse, elle, en bonne chrétienne, se tient sur la réserve, mais elle a sa troupe de comédiens espagnols pour entretenir sa nostalgie. Pour les Enfants de France, d’autres spectacles dus aux talent de marionnettistes célèbres éveillèrent de bonne heure leur sensibilité à l’univers féérique des divertissements de Cour. Ils prennent très vite la relève.

Louis XIV quitte Saint-Germain pour Versailles….

ET LE SPECTACLE CONTINUE

Plus d’un siècle après, le 18 décembre 1785, les acteurs du Théâtre français donnent dans la salle des fêtes du château la première représentation de « Demetrius », tragédie en cinq actes et en vers de Baudoin-aîné, négociant à Saint-Germain-en-Laye. La salle est relancée. Dans les derniers temps de la Monarchie et jusqu’en 1793, sous le Consulat et le Premier Empire, elle fut utilisée comme salle de spectacles pour des bals de société. Une collection d’affiches de spectacles dont deux bien conservées et retrouvées sous le carrelage en 1863 lors de la restauration du château, l’une en date du 7 mai 1789 et l’autre du même mois, attestent du fonctionnement de cette salle et de l’engouement toujours vivace des habitants pour les représentations théâtrales. Comme l’atteste également un almanach qui indique qu’en 1790, sieur Dennebecq, concierge de la salle du Château et qui l’avait déjà restaurée, avait fait construire rue de Pologne, vis à vis de la Halle, une salle de spectacles qui ne servait que pour les petites variétés données par les sociétés d’amateurs. Il ne reste hélas pas de trace de cette salle.

Des sous-officiers de cavalerie ayant voulu se donner le divertissement de jouer la comédie rouvrirent la salle du château au public afin d’avoir des spectateurs. Le sieur Bailly, tapissier, obtint, après leur départ, la faveur d’y faire donner des représentations par des acteurs de différents théâtres de la capitale. Plus tard, il s’y organisa une troupe de comédiens.

Mais, en 1809, le château fut affecté par décret impérial à une école de cavalerie. Qu’à cela ne tienne, le sieur Bailly fit construire rue de Pontoise, une salle de spectacle qui a subsisté jusqu’en 1837.Le célèbre tragédien Talma y joua à deux reprise en 1815.

En 1826, une commission spéciale du Conseil Municipal fit une proposition à laquelle il n’a pas été donné de suite pour la construction d’une salle de spectacles, sur un terrain de la rue de Lorraine, dit le Vautrais.

LA FOUGUE DE DUMAS

Un théâtre a pourtant été édifié, mais sur l’emplacement de l’ancien Jeu de paume, ce témoin des nobles récréations des princes. Il a été construit en 1837 par un sieur Guyot, auquel la Ville avait, à cet effet, concédé le Jeu de Paume pour soixante ans, aux termes d’un acte des 14 et 15 mars 1837, concession qui a été rachetée par la ville le 29 mars 1855.

Entre temps, l’incontournable DUMAS a rencontré Talma. Il a quitté son étude de notaire et sa province. Il est l’auteur en vue et en vogue à Paris. Dumas était depuis trois mois locataire de la villa Médicis, mais il rêvait de devenir propriétaire. Ce sera la demeure de Marly-le-Roi qui sera baptisée « Monte-Cristo », nom du roman qui venait d’enthousiasmer Paris et écrit à Saint-Germain-en-Laye.

Dans les années 1830, Dumas et Hugo avaient songé à s’associer pour gérer le Théâtre français déficitaire. Le projet resta en l’air. A Saint-Germain, il reprit ce vieux rêve : monter un théâtre. En 1846, il restaure le théâtre du sieur Guyot, en devient le directeur, ne ménageant ni sa bourse, ni son influence sur les artistes de la capitale pour attirer gloire et prospérité au théâtre de Saint-Germain. Il est en même temps chef de bataillon de la Garde nationale de Saint-Germain. Le théâtre connaît une très grande vogue. Alexandre Dumas écrit ceci dans ses « mémoires » : « Saint-Germain avait la fièvre alors que Versailles, tombant en léthargie, disait de sa voix de trépassé : Qu’à donc Saint-Germain à se trémousser ainsi ? Cela ennuya le roi (Louis-Philippe) d’entendre ce bruit qui venait du côté de Saint-Germain. » Il appela son ministre Montalivet qui lui glissa la suggestion suivante : « Dumas a quinze jours de prison à faire : ordonnez que Dumas fasse ses quinze jours de prison à Versailles.

Le XIXe siècle fut une grande époque pour Saint-Germain. Le Tout-Paris des Arts et des Lettres accourut au Pavillon Henri IV. Offenbach y composa sa dernière création « La fille du tambour-major », Léo Delibes, le ballet « Sylvia ».

Alexandre Dumas fils y écrivit « La Dame aux Camélias ». Edouard Bourdet dramaturge à succès, auteur de pièces toujours jouées, y naquit en 1887.

La Ville reprend l’exploitation du théâtre en 1864. Il accueille comédies, concerts et surtout opérettes. Il est désaffecté en 1902. Pendant la guerre de 1914-1918, « Le Fourneau Municipal » s’y installe. Le théâtre de Saint-Germain vivait ses dernières heures… dans l’action sociale. Il fut démoli en 1921.

LE FEU SACRE

Avec un tel passé, Saint-Germain ne pouvait rester quiet. Dès 1901, se créait une société « Le Trait d’Union » qui allait rassembler tous les amateurs de théâtre. Installée, en 1912 rue Armagis, avec une salle de 900 places, cette troupe dont le directeur d’avant-guerre fut l’Abbé Pierre de Porcaro, réussissait à monter quatre à cinq grands spectacles dans l’année, accomplissant des prodiges inattendus.

Des dons s’y sont révélés comme cela fut le cas pour Jacqueline Jabbour qui y a joué de 1945 à 1953 et qui a fait par la suite une longue carrière de comédienne, dont huit ans avec la Compagnie Jacques Fabbri, carrière qu’elle a sacrifiée au bénéfice de tous les jeunes talents qu’elle a formés à l’Ecole Nationale de Musique, de danse et d’Art Dramatique de Saint-Germain. Elle se souvient avoir joué au « Trait d’Union » la pièce « Cyrano de Bergerac », chose tout à fait exceptionnelle car le Français avait une très grande amie de Rosemonde Gérard, femme d’Edmond Rostand… Fallait-il encore malgré l’amitié de ces deux femmes que la troupe fût à la hauteur pour obtenir cet acquiescement .

« Le Trait d’Union » existe toujours, mais il a perdu sa vocation première.

Il y avait aussi l’Amicale » -plus précisément « l’Amicale des élèves et anciens élèves des écoles municipales de Saint-Germain »- forte de 2000 à 2500 adhérents et qui proposait avant-guerre des divertissements familiaux, 13, rue des Coches. Dans les années 1960, l’association, sous la houlette de son animateur et metteur en scène Robert Altaber reconstitua sa troupe théâtrale, spécialisée dans la création pour donner la chance à des écrivains et dramaturges de se produire. C’était unique dans toute la région. Grandes années où l’on peut voir cette troupe, pourtant d’amateurs, recevoir en 1967 le Prix Charles Dullin avec « Le Pendu du Gouverneur », pièce inédite de Jacques Fayet, et 1968, Jorge Semprun y vit monter sa pièce « La Rouille », François Boer, scénariste de films célèbres comme « Jeux Interdits » et « la Guerre des Boutons » y put produire « Le Mal dont j’ai souffert » et Elie Wiesel, dont on ne savait pas qu’il allait un jour recevoir le prix Nobel, y créa « Il était une fois en 1942 ». « L’Amicale » savait se faire accueillante pour d’autres troupes également. Foyer de culture, elle a pu se vanter de n’avoir jamais joué devant une salle vide ; celle-ci devait disparaître dans les années 1970.

La Salle des fêtes, rue des Coches, devenue salle de cinéma à l’enseigne du « Régent », fut construite en 1907. Elle contenait 745 places et parfois plus –on n’était pas à cheval sur les règlements-. Elle recevait elle aussi les amoureux du théâtre et les bals de société. Elle était gérée par la municipalité qui la louait. Les sociétés étaient dans ce temps-là nombreuses à Saint-Germain. La salle ne désemplissait pas. La Société des Concerts de saint-Germain, créée le 26 mars 1903, était l’une des plus actives. Elle organisait des auditions musicales, donnait des soirées théâtrales et d’une façon générale, réunissait tous les amateurs de l’art lyrique, leur donnant de nombreuses occasions de manifester leur talent dans une émulation artistique et amicale, image même de toute la vie culturelle de la ville à cette époque. Cette salle disparut en 1966.

La Salle Maurice Denis, érigée en 1966, construction « provisoire et démontable » a été effectivement démontée à la fin de l’été 1987, et cédée à une association sportive.

Au début de l’année 1989, Saint-Germain a un vrai théâtre, direct et conforme successeur du théâtre d’Alexandre Dumas qui faisait courir les foules.

Le nouveau théâtre baptisé « THEATRE ALEXANDRE DUMAS » a ouvert ses portes le 28 janvier 1989. situé au cœur historique de Saint-Germain-en-Laye, dans le Jardin des Arts, celui-ci offre les équipements nécessaires à toutes les manifestations artistiques : théâtre, danse, opéra, concerts et même cinéma.